Article du 28 octobre 2009 de Julien Bachellerie
SOIRée hors normes à lilliput
Les anciennes caves à fromage de Lilliput ont accueilli, lundi soir, deux performances artistiques et hybrides pour la rentrée des Zones Libres. Une soirée placée sous le signe du décloisonnement des genres et de l’expérimentation fertile.
Parce que les formes contemporaines, insoumises au formats orthonormés, peinent à émerger hors des canons et des lieux officiels, le Magma Performing Théâtre de Nadège Prugnard a ouvert, lundi, sa deuxième saison Zones Libres. Une soirée de rentrée lovée dans l’antre atypique des caves de Lilliput…
CORPS A CORPS SONORE
Appropriation faste des lieux (élégamment parés de carmin sur fond de béton vintage), le duo Heidi Brouzeng (voix) / Bérangère Maximin (musique assistée par ordinateur) a proposé une performance percutante sur l’effacement du corps et le délitement animal des mots pour un langage incarné. Dans une quasi-pénombre, les deux artistes ont célébré, sons et borborygmes mêlés, mots éructés et nappes électroniques à l’unisson, la prose poétique de Joyce Mansour dans un sabbat rugissant.
Intermède sous un parasol d’intérieur, afin d’éviter l’insolation au vin chaud, et les trois Permaloso ont, en seconde partie de soirée, embarqué le public dans une foire politique-poétique débridée.
PIED DE NEZ POETIQUE AU POLITIQUE
Entre projections à fleur de mur, versées dans l’humour burlesque ou dans une éphémère fragilité, et jeu théâtral prenant doucement le discours politicien de biais, le trio a bâti une fresque bigarrée, à sauts et à gambades, sur l’emprise artistique et la séduction politique. L’une éclairant l’autre, etr inversement, par effet de contrastes, la performance Mondo Cane 3 s’est attachée à l’émergence plurielle d’un autre regard sur le monde aux côtés de Pasolini, Beckett, Ginsberg ou Heiner Müller.
De quoi inviter au décloisonnement des genres, à l’ombre des poncifs et dans la lumière toujours vive de l’expérimentation renouvelée. Sans entrave.